Longtemps sujette à polémiques et source de craintes fondées par les exemples d’autres pays européens, l’éventualité d’appeler au gouvernement le Front national est définitivement repoussée au rayon des incompatibilités fondamentales qui différenciaient leur programme dans ce premier tour des Présidentielles. Parce qu’ils sont euro-contraires et démocrates-antinomiques, Nicolas Sarkozy n’ira pas pêcher de ce côté-là de l’électorat… C’est donc qu’en France la décision officielle est d’encore accorder une différenciation significative entre la droite dure de l’Ump et cette extrême droite au plus haut point de sa sophistication puisqu’elle envisage maintenant de changer de nom… Cela n’empêchera pas les électeurs de voter comme ils l’entendent et comme 83% des Français ont avant tout décidé de ne pas voter pour le Front national, la majorité de l’un ou de l’autre des candidats au second tour, François Hollande ou Nicolas Sarkozy, n’est pas encore acquise et les pronostics restent largement ouverts… En tous cas, en refusant toute alliance avec l’extrême droite, de vouloir faire bonne figure, Nicolas Sarkozy réalise un coup de maître et sans doute espère-t-il ainsi s’attribuer les voix des déçus du socialisme… Si ils existent encore…À se demander si ce concept de déçu du socialisme n’était pas qu’une pure construction idéologique de contre propagande destinée à saboter un parti de l’intérieur à une époque où tout allait bien pour lui… Quand on a été socialiste ou communiste on ne peut être déçu puisqu’on est socialiste par choix historique et que c’est la politique adaptée pour arracher les salariés aux exploitations capitalistes qui réduisent leur pouvoir d’achat et leurs perspectives d’emploi. Il n’y a pas d’autre choix qui puisse mieux stopper l’escalade des licenciements et la marchandisation à outrance de la main d’oeuvre qui instaure des contrats précaires et des salaires au lance-pierre.
Non, ce n’est pas du côté du Front National que le PS ou l’Ump trouveront leur défaite ou leur victoire mais du côté du presque 10% posé par François Bayrou qui inversera les équilibres. En se nouant à l’un ou l’autre des candidats, ce reste centriste créera une dynamique supplémentaire qui entraînera le reste des indécis soit à enclencher le changement ou alors de se contenter d’une simple continuation pourtant risquée à laquelle ils ne semblent cependant pas prédisposés… Mais à ce niveau les choses ne sont pas claires et les accords tout aussi improbables d’un côté comme de l’autre… Pour s’être quand même ouvertement positionné contre Nicolas Sarkozy on imagine assez mal François Bayrou nouer maintenant des accords de second tour avec une majorité qu’il a vilipendée, décriée et même peut-être un peu jalousée tandis qu’ailleurs, rien ne filtre quant à l’évolution d’une éventuelle alliance « socialiste-centriste » déjà envisagée avec Mme Royal par le passé. Les conditions étant dans ce cas de diminuer en force la puissance d’impact de la politique du changement qu’envisage d’effectuer François Hollande… La tactique politicienne d’une application non conforme à la règle associée à un socle rouge foncé avec lequel il n’y a rien à négocier* d’autre qu’il reste toujours difficile d’obtenir une majorité absolue purement de gauche… Aux vues des résultats de ce premier tour, la tension restera conforme à l’indécision jusqu’à l’annonce des résultats du second…
De son côté, en voulant elle aussi battre Sarkozy, Marine Le Pen souhaite-t-elle ainsi s’autoproclamer Ministre de l’opposition pour la circonstance et espérer devenir ensuite le centrifugeuse de la droite autour de qui tout s’organisera pour abattre le nouveau Président ? Pour mener la pagaille elle aura toujours de quoi fourrer son nez où bon lui semblera mais il est encore plus absurde de prétendre que le futur Président de la République devra sa victoire à ses électeurs puisque les 17% de leur tranche se retranche et que la majorité est à acquérir sur 83% du premier tour, 41,5% par conséquent ! Quoi qu’il arrive et comme de toutes façons on ne peut désormais ignorer les scores du Front national de l’extrême droite que pour mieux les faire reculer. Quoi qu’il choisisse pour le second tour, l’électeur de ce Front national rendra service à deux candidats qu’ils peinent à différencier. Et il n’est pas sûr que ce service lui soit rendu… À souhaiter même que quelque soit la solution présidentielle obtenue, celle-ci le fasse disparaître dans les retranchements des menaces qu’il constitue pour notre démocratie républicaine tout en lui signifiant qu’il ne sert à rien et lui préciser que dans l’isoloir ils peuvent continuer à jouer à la démocratie en retournant les bulletins de vote des deux candidats pour ne pas voir leur nom, de bien mélanger pour finir par tirer au sort « un choix » sachant qu’il y en aura moins qui s’abstiendront pour l’un que pour l’autre.
* Expression de J-L Mélenchon dans sa déclaration au soir du premier tour :
http://www.placeaupeuple2012.fr/nous-avons-porte-lessentiel-du-combat-contre-le-fn/